Recherches du projet : Mécanique colorée

Développement d'un cristal de nuances

Génèse du projet

Ce projet s'inscrit dans la prolongation directe d'un travail de recherche théorique sur les algorithmes naturels dans laquelle j'ai tracé des relations entre le naturel et les productions humaines qui mettent en jeu des algorithmes. Ainsi, je m'intéresse ici à la génèse de formes visuelles autonomes.
Comment est-il possible de colorer une surface sans lui dicter de forme prédéfinie?

Boucle de traduction entre la couleur et son nom
Représentation linéaire des échanges d'informations

Mais avant ces questions qui déplacent la position d'auteur dans le design, j'ai tenté de mettre en place un jeu d'équilibre entre répétition systématique et variations lors de transmission. On peut penser à l'ADN qui se duplique à l'identique et qui se modifie légèrement au cours de l'évolution des espèces. On peut se demander dans ce contexte comment atteindre un équilibre entre bruit et monochrome ? Les défauts de traduction entre le mot et la couleur (visions différentes, vécu des couleurs, goûts, intentions...) sont le moyen de faire varier les couleurs.

Organisation minimale qui se développe une seule dimension
Cette organisation en deux dimensions reste linéaire dans son processus
Organisation qui offre la possibilité de plusieurs actions en simultané
L'évolution part du centre et se transmet par les voisins directs

Retour sur l'évènement : contexte et interactions

Vidéo accélérée du développement de l'image initiée le 7 juin 2015 à 16h 40. Ce time-lapse rends compte d'une partie de l'influence du contexte d'utilisation : des temps forts lors de diffusion du site sur les réseaux sociaux et des temps morts à l'aube. Je me demande aussi si la lumière du jour ne s'est pas cristalisée dans ces entrés : des choix de couleurs plus clairs en journée dus à une plus forte luminosité ambiante vis à vis de l'écran et inversement la nuit.

Visualisation des participations

Essais de production

Premier jet : développement lineaire

L'installation mode dispositif d'exposition s'associe mieux à un développement linéaire où les participants entrent les donnés l'un après l'autre. Il y a donc qu'un seul terminal de choix coloré.

Réalisation et développement des nuances lors d'une semaine de workshop à l'ESAD Valence
Réalisation et développement des nuances lors d'une semaine de workshop à l'ESAD Valence

Développement en deux dimensions

Essai de placement du pixel selon la couleur choisie, idée non développée
Essai de placement du pixel selon la couleur choisie, idée non développée
Essai de développement en spirale, organisation en inadéquation avec le visuel en deux dimensions
Premier test sans participation exterieure

Références théoriques

Un microscope permet de distinguer les atomes

Article complet sur MotherBoard
Micrographe d'argent précipité dans un alliage à base d'aluminium,
Norwegian Technical National University, Trondheim
Micrographe de cuivre,
Norwegian Technical National University, Trondheim

Algorithmes chromatiques, Carolyn L. Kane

L’autre grande transformation de la couleur dans le numérique, expliquez-vous, c’est qu’elle est devenue « algorithmique ». Qu’est-ce que ça veut dire ?

Dans la photo ou le film, la pellicule capture littéralement la lumière des choses, la conserve et nous la restitue, grâce à l’intervention de produits chimiques.
Les appareils photo ou les caméras numériques fonctionnent différemment. Ils enregistrent la lumière sur une plaque photosensible mais la transforment ensuite en une abstraction mathématique, une série de zéros et de un.
Ces chiffres sont ensuite mis en correspondance avec un index, qui indique à quelle couleur et à quelle position dans l’image ils correspondent. Cette couleur est ensuite simulée sur l’écran.
Contrairement à la couleur dans l’analogique, la couleur que l’on voit sur une image numérique est indirecte et abstraite. Car cette abstraction mathématique se tient entre la chose et son image. C’est ce que je veux dire par « couleur algorithmique » : la couleur n’est plus générée par notre expérience tangible, mais elle passe par des algorithmes. Ce sont les algorithmes qui nous rendent la couleur.

Mais ça, est-ce que c’est visible à l’œil nu ? Est-ce que les couleurs de nos ordinateurs sont différentes de celles de la vidéo ?

Les couleurs des films de 35 mm ou de 16 mm sont plus rouges, plus saturées, parce qu’elles sont plus riches en information. Les couleurs numériques sont plus froides, tirent plus vers le bleu ou le vert, parce que l’information est plus compressée et que le bleu et le vert sont des couleurs que l’œil perçoit plus facilement.
Si vous concevez un système informatique et que vous cherchez à transmettre le maximum d’informations en un minimum d’espace, vous allez orienter la palette vers les bleus et les verts. L’image prendra moins de place et l’œil sera toujours capable de distinguer les différences dans l’image. Petit à petit, ceci devient alors la norme.

Interview de Carolyn Kane par Claire Richard sur Rue 89 le 24 mai 2015.
Index des couleurs avec les codes HTML correspondants

Relations entre la perception et la sémantique des couleurs

Les Grecs voyaient la nature d’une autre façon que nous, car il faut admettre que leur œil était aveugle pour le bleu et le vert, et qu’ils voyaient au lieu du bleu, un brun plus profond, au lieu du vert un jaune (ils désignent donc par le même mot la couleur d’une chevelure sombre, celle du bleuet, et celle des mers méridionales, et encore, par le même mot, la couleur des plantes vertes et de la peau humaine, du miel et des résines jaunes : en sorte que leurs plus grands peintres, ainsi qu’il a été démontré, n’ont pu reproduire le monde qui les entourait que par le noir, le blanc, le rouge et le jaune). Comme la nature a dû leur paraître différente et plus près de l’homme, puisqu’à leurs yeux les couleurs de l’homme prédominaient aussi dans la nature et que celle-ci nageait en quelque sorte dans l’éther colorié de l’humanité! (Le bleu et le vert dépouillent la nature de son humanité plus que toute autre couleur.) C’est par ce défaut que s’est développée la facilité enfantine, particulière aux Grecs, de considérer les phénomènes de la nature comme des dieux et des demi-dieux, c’est-à dire de les voir sous forme humaine. Mais que ceci serve de symbole à une autre supposition. Tout penseur peint son monde à lui et les choses qui l’entourent avec moins de couleurs qu’il n’en existe, et il est aveugle à l’égard de certaines couleurs. Ce n’est pas là uniquement un défaut. Grâce à ce rapprochement et à cette simplification, il introduit, dans les choses, des harmonies de couleurs qui ont un grand charme et qui peuvent produire un enrichissement de la nature. Peut-être est-ce par cette voie seulement que l’humanité a appris la jouissance en regard de la vie, par ce fait que l’existence lui fut d’abord présentée avec un ou deux tons simples, avant de passer à des nuances plus variées. Et maintenant encore, certains individus s’efforcent de sortir d’un daltonisme partiel, pour parvenir à une vue plus riche et une plus grande différenciation : à quoi non seulement ils trouvent des jouissances nouvelles, mais ils sont encore forcés d’en abandonner et d’en perdre quelques anciennes.


Friedrich Nietzsche, Aurore, 1881

Références plastiques

Light on the Net

Le projet Light on the Net (1996-2001) dirigé par Masaki Fujihata consiste en une matrice de 9 x 9 (soit 49) ampoules de 20 watts suspendue dans le hall du centre Softopia à Gifu, Japon. Par l’intermédiaire d’un site Internet et en cliquant sur l’image transmise en direct de cette matrice lumineuse, on peut éteindre ou allumer les ampoules. Une telle action à distance sur une installation réelle, et sur sa représentation à l’échelle planétaire, met en évidence les stratégies de compétition et/ou de coopération qui peuvent conduire à des signes et à des messages partagés.

Masaki Fujihata,Light on the Net (1996-2001), Gifu, Japon
Masaki Fujihata,Light on the Net (1996-2001), Gifu, Japon
Masaki Fujihata,Light on the Net (1996-2001), interface web

Paysages de l'imagerie scientifique

Le travail de l'artiste, designer et théoricien du visuel Gyorgy Kepes (1906-2001) explore les relations entre art et science. Il s'aproprie les nouveaux paysages de l'imagerie scientifique - vues microscopiques de minéreaux, tissus cellulaires et motifs du vivant par un travail de photomontage et de photogrammes.

György Kepes,Lichtenberg figures, 1951
György Kepes, Lichtenberg figures, 1951

Le Générateur poïétique

Le Générateur poïétique est une œuvre d'art télématique, précurseur de nombreux jeux et réseaux sociaux sur Internet, imaginée par Olivier Auber en 1986 et développée en tant qu'œuvre d'art libre depuis 1987.

Le jeu défini par le Générateur poïétique se déroule à l’intérieur d’une matrice à deux dimensions comme les jeux de tabliers et son principe s'inspire de celui du jeu de la vie et des cadavres exquis des surréalistes. Le Générateur poïétique s’écarte néanmoins de ces modèles sur plusieurs points. Ce n'est pas un algorithme de type Conway, mais bien des joueurs humains qui contrôlent en temps réel les éléments graphiques de la matrice globale, à raison d'une unité par personne. Contrairement au cadavres exquis dans lesquels il y a toujours des parties cachées, ici toutes les actions des joueurs sont visibles en permanence par chacun d’eux. Enfin, à la différence des jeux de tabliers, il n’y a pas de notion de gagnant ou de perdant, le but du jeu étant simplement de faire apparaître collectivement des formes reconnaissables par tous et d’observer ensemble comment elles se créent.

L'appellation « Générateur poïétique », qui dérive du concept d'autopoïèse en sciences du vivant, et de celui de poïétique en philosophie de l'art, traduit le processus d’auto-organisation à l’œuvre dans l'émergence continue de l'image globale. Depuis son origine, le Générateur poïétique a été conçu par son auteur comme un élément d'une recherche-action plus vaste en vue de créer un « art de la vitesse ».

Le Générateur poïétique sur wikipedia
Olivier Auber,
Générateur poïétique, depuis 1987

voir aussi art télématique sur Wikipedia http://oneframeoffame.com/ // j.puckey

Data set

Association de nom et de couleurs d'affichage à l'écran

Ensembles de données en français :
Liste de 425 noms de couleurs en français
Liste de 341 noms de couleurs en français sur Wikipedia

Ensemble de données en englais :
Liste de 746 noms de couleurs en anglais

comparatif des data set

Disposition régulière des listes des couleurs RVB associé aux noms selon la luminosité et la saturation

Disposition régulière des listes des couleurs RVB associé aux noms selon la teinte et la luminosité

Disposition régulière des listes des couleurs RVB associé aux noms selon la teinte et la saturation

Comparatif des données des participants

Disposition régulière des couleurs entrées par les participants selon la luminosité, la saturation et teinte